Stratégie RSE : comment engager tous les métiers de l’entreprise ?
Pour déployer une stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises) la formation fait son chemin. Mais elle reste encore souvent éloignée des salariés, voire de la spécificité de certains métiers. Or, adopter une approche RSE différenciée s’avère très efficace pour mieux embarquer toute l’organisation. On vous en dit plus.
- Stratégie RSE : miser sur une approche différenciée
- Achats, ingénierie, logistique : les premiers métiers à avoir été formés à la RSE
- Embarquer la communication, le marketing, les équipes commerciales dans la politique RSE
- Le rôle du management et des RH dans le déploiement de la RSE
- Finance et gestion : les nouveaux incontournables d’une RSE efficace
Stratégie RSE : miser sur une approche différenciée
C’est un terrain fertile et une notion mobilisatrice ! Selon le Baromètre sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises réalisé par Cegos en 2023 , 85 % des salariés désignent la RSE comme un enjeu majeur pour les entreprises. Or, 33 % seulement estiment que cet engagement est à la hauteur des grands défis mondiaux actuels.
Dans un récent webinar sur le sujet, Carole Deschaintre, manager d’Offre et d’Expertise RSE et Développement durable chez Cegos, alerte sur le risque de perte des talents et plaide pour une approche différenciée pour mieux embarquer toute l’organisation. « On doit beaucoup plus adapter aux métiers la montée en compétence sur ces sujets », résume-t-elle. Et répondre davantage aux enjeux de chaque métier.
Achats, ingénierie, logistique : les premiers métiers à avoir été formés à la RSE
Historiquement, ces métiers ont été les premiers concernés. « On a traité de la question des achats responsables dès 2009 », se souvient Carole Deschaintre. Pour différencier les métiers et leurs besoins, cette experte cite d’abord les fonctions techniques qui touchent à la création de produits : achats, ingénierie et logistique. « Ces métiers ont l’habitude d’être très sobres. Ils sont déjà frugaux. »
Cependant, ces fonctions ne cessent d’évoluer, ainsi que certains questionnements qui vont avec. « La notion d’économie circulaire apporte des choses en plus par exemple, comme la notion d’éco-conception. Elle va aller plus loin et réinterroger les pratiques, de la conception à l’usage. Ce sont des pistes pour de nouvelles façons de construire et de créer de la valeur. »
Concrètement, il y a aussi des nouveaux besoins à prendre en compte. Comment calculer l’impact carbone ou biodiversité d’une entreprise, quand 60 % - voire plus de la valeur et potentiellement de l’impact - vient des achats ? « Cela signifie aussi avoir un niveau élevé d’exigence sur le reporting de ces chiffres par les fournisseurs pour bien mesurer son scope ou son impact de façon plus générale. Mais pour le faire bien, il faut soi-même connaitre un minimum sur le sujet. À la fois comment on calcule et ce que, en tant qu’acheteur, on est en droit d’exiger car la réglementation l’impose… »
Embarquer la communication, le marketing, les équipes commerciales dans la politique RSE
Selon Carole Deschaintre, une deuxième catégorie concerne des métiers plus "intellectuels". « C’est la communication, le marketing, les équipes commerciales. Là aussi, c’est une révolution car il faut donner envie de consommer moins. » Or ces bonnes pratiques ne sauraient se réduire à de simples communications dématérialisées. « On parle de plus en plus d’écoconception d’événements par exemple. Ceci nécessite d’entrer dans une dimension technique, ce qui n’est pas forcément dans le "package" de départ de tous les communicants. »
Du côté du marketing, il faudra aussi revoir les besoins clients.« On va devoir réfléchir à l’envers et inciter à la sobriété. C’est un peu une antiphrase au premier abord, mais on peut réfléchir à plein de façons d’y arriver tout en maintenant un business rentable. » D’autant que les solutions existent : location plutôt qu’achat, vente de services plutôt que de biens… « Tout cela part de l’analyse fine des besoins des clients… quitte à bousculer un peu le consommateur. Mais il faut oser. »
Le rôle du management et des RH dans le déploiement de la RSE
Pour autant, sans l’implication initiale de la direction, il restera difficile de vraiment s’emparer du sujet. Quand elle évoque les ressources humaines et le management, Carole Deschaintre souligne un rôle à deux niveaux : au quotidien avec la prise en compte des enjeux RSE par les collaborateurs et collaboratrices, mais aussi et surtout la nécessité d’aligner les politiques RH derrière.
Beaucoup de politiques RH entrent dans l’axe RSE, quand elles s’attachent à la diversité et l’inclusion par exemple. « En revanche on perçoit aussi quelques freins, nuance notre experte. Notamment le fait que les RH mènent leurs politiques sans forcément impliquer la RSE, et inversement. » Or les responsables RSE peuvent aider à donner du sens à cette démarche. Et inversement, les responsables RH peuvent donner de la visibilité aux actions RSE…
Enfin, il reste aussi beaucoup à accomplir au niveau du dialogue social. « Car malgré le fait que la loi Climat & Résilience leur donne leur mot à dire sur le sujet, on voit que très peu de CSE se sentent impliqués dans cette mission-là, encore. Alors qu’ils sont une partie prenante très importante pour faire le lien avec les salariés, entre autres. »
Finance et gestion : les nouveaux incontournables d’une RSE efficace
« Ce sont les nouveaux entrants sur le sujet, et certains ne sont pas encore conscients qu’ils sont les prochains sur la liste ! [F1] [CD2] », sourit Carole Deschaintre. En effet, les directions financières seront de plus en plus sollicitées sur les sujets RSE depuis l’application de la directive CSRD qui vise à harmoniser les reportings de durabilité des entreprises. « On ne compte pas que des euros mais aussi des impacts. C’est pourquoi il faut monter en compétence sur ces sujets. »
Et selon notre experte, ceux qui vont se former les premiers auront un avantage concurrentiel évident sur les autres. « Au-delà de la conformité, ceux qui vont comprendre comment maximiser leur "part verte" seront ceux qui retiendront les meilleurs investisseurs demain. » Clairement, le reporting est en train de sortir des mains des communicants. Et pour une meilleure performance de l’entreprise, peu à peu, la RSE doit infuser tous les métiersen tenant compte de leur spécificité.