La théorie du Donut : le meilleur concept pour faire comprendre tous les enjeux RSE
La théorie du Donut est un concept simple et visuel qui permet d’aborder la complexité de tous les sujets RSE. C’est donc un outil de premier ordre pour toute personne investie dans la transition, qu’elle soit personnelle, ou de son entreprise.
- 1. La théorie du Donut : de quoi parle-t-on ?
- 2. Zoom sur le plafond environnemental de la théorie du Donut
- 3. Zoom sur le plancher social de la théorie du Donut
- 4. Un espace sûr et juste pour l’humanité : le Donut
- 5. Comment une entreprise peut relier son activité avec la théorie du Donut ?
- 6. Des liens entre le Donut et le rapport de durabilité CSRD
La théorie du Donut s'avère être un outil particulièrement précieux pour les responsables RSE qui veulent résumer l’ensemble des enjeux des transitions économiques et sociales auxquelles leur entreprise va devoir faire face. Elle l'est aussi pour les dirigeants qui cherchent comment aborder ce sujet vaste, complexe et pourtant incontournable. Et pour beaucoup d’autres. Explications.
1. La théorie du Donut : de quoi parle-t-on ?
La théorie du Donut a été conceptualisée par l’économiste britannique Kate Raworth. Elle propose un modèle économique qui intègre limites environnementales et besoins sociaux fondamentaux.
Elle suggère qu'il existe un espace de développement durable en forme de donut. La limite basse de ce donut est un plancher social qui assure les besoins de base de l'humanité. La limite haute représente, de son côté, un plafond environnemental qui préserve les systèmes écologiques de la planète. Cette théorie peut nous servir de guide pour atteindre un développement qui répond aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs
2. Zoom sur le plafond environnemental de la théorie du Donut
Le plafond environnemental de la théorie du Donut fait référence aux limites planétaires. Elles sont essentielles pour maintenir l'équilibre des systèmes écologiques de la Terre. L'idée est de ne pas dépasser ces limites pour éviter des conséquences irréversibles sur l'environnement et, par conséquent, sur la vie humaine. Ces concepts sont basés sur les travaux du Stockholm Resilience Center.
Voici les 9 limites planétaires, et leurs enjeux majeurs :
1. Changement climatique : Maintenir la stabilité du climat pour éviter des phénomènes météorologiques extrêmes et des changements irréversibles.
2. Intégrité de la biosphère : Préserver la diversité des espèces et des écosystèmes pour maintenir les fonctions écologiques essentielles.
3. Cycles biogéochimiques (azote et phosphore) : Gérer les flux de nutriments pour éviter l'eutrophisation –sorte de surabondance - des milieux aquatiques et terrestres.
4. Acidification des océans : Protéger les écosystèmes marins en contrôlant l'acidité des océans, affectée par l'absorption du CO2 atmosphérique.
5. Utilisation des sols : Utiliser les terres de manière durable pour prévenir la déforestation, la désertification et la perte de biodiversité.
6. Eau douce : Gérer les ressources en eau pour satisfaire les besoins humains tout en préservant les écosystèmes aquatiques.
7. Charge en aérosols atmosphériques : Contrôler les particules en suspension dans l'air qui affectent la santé humaine et les systèmes climatiques.
8. Polluants chimiques : Limiter l'utilisation et la dispersion de substances toxiques (y compris les plastiques) pour protéger la santé humaine et l'environnement.
9. Ozone stratosphérique : Préserver la couche d'ozone qui protège la vie sur Terre des rayonnements ultraviolets nocifs.
On peut voir que ces limites sont interdépendantes. Ainsi, on sait que 25 % du dioxyde de carbone émis est absorbé par les océans, ce qui conduit à leur acidification : la 1ère limite impacte donc la 4e. Et ainsi de suite…
La dernière mise à jour de Stockholm Resilience Center nous indique que 6 des 9 limites planétaires sont dépassées :
3. Zoom sur le plancher social de la théorie du Donut
Le plancher social dans la théorie du Donut représente les besoins fondamentaux que toute société doit satisfaire pour ses citoyens. Ces besoins incluent :
L'accès à l'eau potable, à la nourriture
La santé : l’accès aux soins et à des conditions de vie et de travail saines
L'éducation : permettre à tous d'apprendre et de se développer
Le revenu et l’emploi : assurer un revenu stable et des conditions de travail équitables
La résilience : la capacité à traverser les crises. Cela inclut l’accès à un logement, à l’énergie, mais également la capacité à être soutenu par une communauté.
La paix et la justice : maintenir l'ordre social et l'accès à la justice
La voix : la liberté de s’exprimer notamment au travers du vote
L'égalité entre les sexes, l’équité sociale : promouvoir l'égalité des chances pour tous
L'énergie : accès à des sources d'énergie fiables et durables
Ces éléments s’inspirent des Objectifs de Développement Durable sociaux de l’ONU
4. Un espace sûr et juste pour l’humanité : le Donut
Finalement, le donut se compose de deux cercles concentriques :
- Le cercle extérieur représente le plafond environnemental,
- Le cercle intérieur représente le plancher social.
L'espace entre ces deux cercles, la zone sûre et juste pour l'humanité, est l'endroit où un équilibre est atteint entre les besoins sociaux et les limites environnementales. C'est dans cet espace que le développement humain peut se faire de manière durable, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.
Ce que nous indique la théorie du Donut, c’est donc qu’il y a bel et bien une possibilité de travailler dans cet espace. Le plancher et le plafond laissent une place possible aux activités humaines soutenables…
5. Comment une entreprise peut relier son activité avec la théorie du Donut ?
L’approche par la théorie du Donut est puissante. Elle organise tous les concepts clé de la RSE dans une représentation visuelle qui facilite compréhension et adhésion. Elle rassure quant au fait que les objectifs sociaux et environnementaux ne sont pas contradictoires et qu’il reste un espace large dans lequel s’insérer.
Une entreprise qui veut utiliser la théorie du Donut dans sa stratégie pourra s’inspirer des pratiques suivantes :
Définir un but aligné avec les principes du Donut
L'entreprise doit s'interroger sur son objectif principal et s'assurer qu'il est en harmonie avec le développement durable et l'équité sociale. Elle peut chercher à avoir un impact positif sur l'environnement et la société tout en étant économiquement viable, par exemple à travers le statut d’entreprise à mission.
Évaluer et adapter ses pratiques opérationnelles
L'entreprise doit analyser ses processus pour identifier les domaines où elle peut réduire son empreinte écologique et améliorer son impact social. Cela peut inclure des pratiques telles que la réduction des déchets, l'utilisation d'énergies renouvelables, et l'assurance d'un travail équitable et bien rémunéré pour ses employés.
Engager les parties prenantes
Les entreprises peuvent impliquer diverses parties prenantes, y compris les employés, les fournisseurs, et les clients, dans la création d'une culture d'entreprise qui valorise et soutient les principes du Donut. Par exemple, des ateliers collaboratifs peuvent être organisés pour intégrer les idées de tous les employés dans la vision et la stratégie de l'entreprise.
Mesurer et communiquer les progrès
Il est important pour les entreprises de suivre leurs progrès vers les objectifs du donut et de communiquer ces progrès de manière transparente.
6. Des liens entre le Donut et le rapport de durabilité CSRD
La nouvelle directive CSRD s’inspire des limites planétaires pour classifier les impacts environnementaux selon 5 catégories (normes ESRS) :
- Le changement climatique (1ère limite planétaire),
- Les pollutions (limites 3, 7, 8, 9),
- Les ressources aquatiques et marines (limites 4 et 6),
- La biodiversité et les écosystèmes (2e limite, et dans une moindre mesure 5e),
- L’utilisation des ressources et l’économie circulaire (limite 5).
Dans la sphère sociale/sociétale, la CSRD se focalise davantage sur les actions à la portée des entreprises, à travers 4 normes thématiques ESRS :
- L’effectif propre (à l’entreprise),
- Les travailleurs de la chaîne de valeur,
- Les communautés touchées (par l’activité de l’entreprise),
- Les clients et utilisateurs finaux.
Ces normes, qui catégorisent les parties prenantes de l’entreprise, vont s’attacher à mesurer des critères assez proches de ceux du Donut (notamment, pour les « communautés touchées »). Les 2 premières normes concernent davantage les droits humains dans le champ plus spécifique du travail (éthique, inclusion…).
La théorie économique du Donut permet de comprendre les enjeux RSE dans leur complexité, mais aussi de les relier à des actions très concrètes à mettre en œuvre. En intégrant les éléments du Donut dans leur stratégie, les entreprises envisagent les risques associés et peuvent se préparer à être plus résilientes. Elles sont donc compétitives à long terme.
Et elles y gagnent également la satisfaction de contribuer à un monde plus durable.