Qu'est-ce qui nous pousse à faire un choix ?
Les travaux de Will Schutz, connus sous le nom de L'Élément Humain, ont montré l’importance du principe de « choix ». Autrement dit, de « responsabilité personnelle » dans l’exercice du leadership. En même temps, ce principe important est pleinement à l’œuvre dans l’établissement de la confiance. Pour comprendre la portée de ce principe, examinons-le sous l’angle de quatre conceptions.
Il n’y a pas de choix, c’est la fatalité.
L’opposé de la notion de choix serait de considérer que le fruit de notre existence relèverait de la fatalité. Une sorte de doctrine selon laquelle les événements, le monde dans son ensemble, et avec lui l’existence humaine, suivrait un cours inéluctable où les événements échapperaient à la volonté humaine. Le destin serait fixé à l’avance par une force extérieure, la fatalité nierait la liberté de choix, reléguant la conduite humaine à une réaction automatique : « les choses arrivent, je réagis » ; « il pleut, je n’ai pas le moral ». Comme si le comportement n’était qu’une réaction simple et basique en réponse à un stimulus.
Le choix est pré-déterminé
Avec certains philosophes est apparue la notion de déterminisme. La succession des événements serait déterminée par le principe de causalité, du passé et des lois de la physique. Ainsi appliqué aux comportements humains, ces derniers ne seraient pas le fruit du hasard mais de causes prédéterminées.
En premier lieu, l’héritage du patrimoine génétique de chaque parent est déterminant. Par exemple, l’apparence physique qui en découle, comme tout un ensemble de capacités, d’aptitudes et de qualités telles que la taille, la force ou l’oreille musicale.
A cet héritage génétique, il convient d’ajouter aussi l’influence de l’éducation sur le comportement et les choix individuels. L’éducation par les parents, par l’école et l’apprentissage sous toutes ses formes conditionnent, peu ou prou, les choix que fera l’individu tout au long de sa vie.
Enfin, l’environnement est le troisième élément important qui influence le choix. Comme le dit la chanson, « On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher ».
Ainsi la réponse comportementale dépendrait de la génétique, de l’éducation et de l’environnement de l’être vivant. Face à un stimulus, la réponse serait loin d’être simple et automatique, mais élaborée et adaptée.
A lire >>Leadership et performance, les travaux de Will Schultz
Je suis pro-actif.
Il existe aussi d’autres facteurs qui permettent à l’homme de s’émanciper et de s’affirmer de manière pro-active. Ainsi, selon Descartes, le sujet pense et il est conscient de lui-même et conscient qu’il pense, cogito ergo sum. Doué de conscience, le sujet peut accéder à sa vérité et à la connaissance de soi.
Comme le formule Stephan Covey [3], le libre arbitre est un autre facteur déterminant. Il a le pouvoir de modifier ses représentations mentales, de revoir ses croyances et d’agir selon des principes bien compris.
Ainsi, grâce à ma conscience et à mon libre arbitre, je suis différent de mon frère jumeau monozygote alors que nous avons le même patrimoine génétique et avons reçu la même éducation.
De la même façon, en tant que personne « Je » suis aussi capable de choisir mes valeurs et mon éthique indépendamment de celles qui m’ont été transmises au cours de mon éducation. Et qui plus est, j’ai aussi une capacité d’imagination pouvant m’aider à faire des choix selon ma volonté.
Conscience, libre arbitre, valeurs, éthique et imagination sont, selon Covey, les fondements de la capacité de se comporter librement et de manière responsable en tant que personne. Face à un stimulus, les choix de réponses de la personne ne sont pas limités mais aussi multiples qu’elle peut imaginer des solutions.
A découvrir >> Pour être efficace dans son travail et prendre les bonnes décisions, il convient aussi de mobiliser des compétences relationnelles et émotionnelles. Découvrez nos formations en développement personnel.
Je choisis tout !
Selon Will Schutz, la notion de choix intègre une dimension supplémentaire qui va au-delà de la personne et fait appel à la notion d’inconscient. D'après le psychologue américain, c'est un principe qui stipule que « conscient ou pas je choisis ». Je peux même choisir de ne pas choisir, consciemment ou pas, c’est un choix. On ne considère pas le choix comme un principe vrai dans l’absolu mais comme une hypothèse. De la même manière, l’inconscient est une hypothèse. Ainsi, cette hypothèse de choix suggère que « je choisis mes comportements, mes pensées, mes émotions, mes sentiments, mon corps, mes maladies, mes réactions et ma spontanéité ».
Selon cette hypothèse, chaque choix a pour objectif d'obtenir une sorte de bénéfice. Il s'agit d'une conséquence qui est désirée à un certain niveau de conscience et de non-conscience. Cela concerne aussi bien les choix « positifs » que « négatifs ». Par exemple, se sentir coupable dans certaines situations permet de maintenir l’image de quelqu’un de responsable alors qu’il peut y avoir un doute à ce sujet.
En faisant l’hypothèse que j’ai tout choisi dans ma vie, je ne choisis pas seulement mes réactions, je choisis, c’est-à-dire je filtre aussi les stimuli. Je choisi de voir ce que je veux voir, d’entendre ce que je veux entendre et de ressentir ce que je veux ressentir. Par exemple, un lecteur lit et comprend différemment d'un autre ce billet blog alors que c’est le même texte.
En tant que sujet, l’orientation de mes choix ne se porte pas seulement sur la capacité à produire des réponses adaptées à un stimulus mais les choix se portent aussi sur les stimuli que « Je » choisis, consciemment ou pas de prendre en considération.
Et comme l’hypothèse du choix suppose l’obtention d’un bénéfice, « Je » peux maintenant rechercher mes bénéfices conscients et inconscients et devenir volontairement capable de faire n’importe quel changement dans ma vie et d’assumer mes choix.
En guise de conclusion, que choisis-tu, lecteur, de retenir ?
[1]The Human Element, Will Schutz, 1994
[2]Né Quelque Part, Maxime Le Forestier,1988
[3] in Les 7 habitudes des gens très efficaces