Les politiques locales de transition énergétique nécessitent la participation des différentes parties prenantes et une adhésion maximum aux projets. Pour mettre en mouvement et convaincre, mieux vaut s’appuyer sur des personnes motrices que d’essayer de rallier à sa cause les "hostiles". On vous en dit plus
Si l’adhésion aux projets locaux de transition énergétique est une condition de leur réussite, convaincre les différentes parties prenantes de leur bien-fondé n’est pas chose aisée. Pour embarquer un maximum d’acteurs, Gaëlle Menin-Urien, manager d'Offre chez Cegos, préconise une méthode en quatre temps.
Étape 1 : Lister les parties prenantes du projet
Commencez par lister tous les acteurs impliqués ou impactés par la décision, qu’ils soient visibles et invisibles.
Dans le cas d’un projet d’extinction de l’éclairage public la nuit dans une commune, les élus locaux, les agents municipaux, les habitants et le fournisseur d’énergie sont les premiers acteurs de la décision. « Le groupe Facebook des habitants, notamment, est à prendre en compte », précise Gaëlle Menin-Urien.
Étape 2 : cartographier les partie-prenantes du projet
Une fois les forces en présence identifiées, il s’agit de les cartographier selon la position qu’elles sont susceptibles d’adopter (pour ou contre la décision) et la manière dont elles vont défendre leurs intérêts. « On se retrouve ainsi avec quatre postures possibles », note Gaëlle Menin-Urien.
Les "pionniers" : ils et elles sont engagés, motivés et se mettent tout de suite en mouvement.
Les "attendants" : ils et elles se disent pourquoi pas et sont prêts à se mettre au travail.
Les "sceptiques" : ils et elles doutent de l’efficacité, mettent en avant les risques et considèrent qu’il y a plus urgent.
Les "hostiles" : ils et elles sont dans une posture revendicative et foncièrement contre.
« Les différents acteurs peuvent adopter des postures différentes selon les projets », souligne Gaëlle Menin-Urien.
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Étape 3 : Adapter sa stratégie en fonction du type d’acteur
Une fois la cartographie des acteurs effectuée, il faut identifier ceux et celles sur lesquels il va falloir agir en priorité. Gaëlle Menin-Urien recommande de travailler d’abord avec les "pionniers" qui sont capables de dépenser de l’énergie pour le projet. Le but est de les mettre à contribution pour son compte, en faisant en sorte qu’ils soient vus positivement et deviennent des ambassadeurs auprès des autres acteurs, prioritairement les "attendants".
« C’est plus efficace quand ce sont les "pionniers" qui portent la bonne parole de la collectivité. À condition qu’ils aient été légitimés et que leur situation soit perçue comme enviable. On peut, par exemple, les mettre en valeur dans les communication liées au projet », explique Gaëlle Menin-Urien. Un fois mis en mouvement, les "attendants" vont, de leur côté, aider à lever les résistances et inquiétudes des "sceptiques".
Quant aux "hostiles", Gaëlle Menin-Urien conseille de s’en occuper le moins possible « sans en faire ni des martyres, ni des héros », pour que leur stratégie d’hostilité s’essouffle d’elle-même. « Étant donné qu’ils sont dans une position de principe, plus on les contredit ou plus on essaie de les convaincre qu’ils ont tort, plus on va renforcer leur légitimité et leur pouvoir. Avec le risque de ramener les sceptiques à leur cause. Il faut donc les isoler… », conseille Gaëlle Menin-Urien.
Étape 4 : Suivre les changements de posture
Le positionnement d’un acteur ne doit toutefois pas être envisagé comme immuable, les comportements étant amenés à évoluer avec le temps. « Il est nécessaire de bien comprendre ce qui est en jeu pour chaque personne, ce qui est lié à son histoire personnelle, en dépassant le simple cadre du projet », estime Gaëlle Menin-Urien, qui préconise de regarder régulièrement si les gens ont changé de posture. « C’est par exemple la modératrice du groupe Facebook dont la mère s'est fait voler sa voiture dans un lieu peu éclairé et qui en tire une généralité sur les risques de manque d'éclairage nocturne », illustre notre experte.
L’information des parties prenantes revêt aussi une importance stratégique. « Il s’agit de bien informer sur les objectifs, le sens et le comment, de donner aux gens les moyens de se former sur le sujet et de communiquer sur les résultats », insiste Gaëlle Menin-Urien. En résumé, plus on est participatif, plus on a de chance de voir son projet aboutir.
