Transition écologique : comment mobiliser les agents de la fonction publique ?

Cegos

La transition écologique est un enjeu majeur pour la fonction publique. Et évidemment, elle ne pourra s’effectuer qu’avec l’engagement et l’appui de tous les agents. Les administrations, collectivités et établissements publics commencent à déployer des actions de sensibilisation aux enjeux climatiques. Mais ça ne suffit pas. Voici les 4 conditions pour passer de l’incantation à la mobilisation.

La sensibilisation de tous les agents aux enjeux climatiques est un premier pas incontournable.

Mais il faut aller plus loin, et vous avez tout à y gagner. En effet, une mobilisation plus poussée contribue à responsabiliser et valoriser les agents. Ils deviennent ainsi acteurs et actrices de la démarche de transition écologique de leur établissement.

Plus encore, une implication forte des agents dans la transition écologique contribue à améliorer l'image de l'établissement auprès de ses parties prenantes. Et cela a aussi un impact positif sur la marque employeur, indispensable pour attirer et retenir les talents en quête de sens. C’est loin d’être négligeable pour renforcer l’attractivité en berne de la fonction publique.

La collectivité territoriale et la transition écologique
Comprendre les enjeux, initier des démarches, identifier les financements

1. La sensibilisation pour comprendre les enjeux de la transition écologique

Tout démarre avec la sensibilisation. Elle permet de favoriser des comportements éco-responsables au quotidien via l’adoption d’écogestes simples mais néanmoins efficaces, comme l’utilisation de gourdes réutilisables, les impressions recto-verso … Mais il faut qu’elle soit bien pensée et adaptée à vos agents.

Des outils de sensibilisation

Il existe de nombreux outils clé en main qui ont un impact puissant sur la transformation des comportements. La Fresque du Climat et l’Atelier 2Tonnes sont parmi les plus connus. Ces ateliers permettent à chacun de comprendre les causes du dérèglement climatique et d’identifier ses leviers d’actions individuels/collectifs.

On peut donner l’exemple de Toulouse Métropole et la mairie de Toulouse qui déploient la Fresque du Climat avec Cegos. « La phase de débriefing de cet atelier permet de faire le lien avec les enjeux de la métropole. Cette séquence est indispensable pour un vrai changement de prisme en interne, dans toutes les directions et dans tous les métiers », indique Pascale Dromigny, l’experte Cegos en charge du déploiement du projet.  

Dans le même esprit, citons le programme Territoire Engagé Transition Écologique, un référentiel et une plateforme développés par l’Ademe. Il propose outils et conseils pour mettre en place des actions de sensibilisation à la transition écologique dans les collectivités territoriales.

Des ateliers pratiques peuvent également être organisés sur des thématiques plus ciblées. Cela peut aller des économies d'énergie, au tri des déchets, en passant par mobilité durable, la consommation responsable ou la biodiversité. Ainsi la ville de Montgeron (91) propose des stages d’écoconduite à tous les équipages de collecte des déchets et des transports publics.

Les conditions favorables aux comportements éco-responsables

En parallèle à la sensibilisation, les établissements publics doivent assurer les conditions favorables aux écogestes des agents. Cela concerne aussi bien :

- la mobilité (travail à distance, covoiturage, éco conduite…),

- l’alimentation (fontaines, repas végétariens…),

- l’économie d’électricité (chauffage, climatisation, ascenseur…).

Et là, toutes les idées peuvent être efficaces. On peut simplement capitaliser sur ce qui existe et qui fonctionne bien comme la diffusion du guide de l’Ademe Écoresponsable au bureau  (ex : limiter la climatisation et le chauffage, éteindre son ordinateur etc.). Ou aller plus loin et oser d’autres actions comme l’a fait la Communauté Urbaine d’Arras (62) avec son opération "gros pulls". Comme vous l’imaginez, il s’agissait d’une incitation ludique à porter un plus gros pull en hiver plutôt que d’augmenter la température dans les bureaux.

Néanmoins, être sensibilisé aux enjeux climatiques va s’avérer insuffisant. Au-delà des écogestes, la transition écologique exige un réel changement des pratiques professionnelles.

Téléchargez notre infographie sur les 4 étapes indispensables pour mobiliser vos agents

2. La formation de tous les métiers pour acquérir les compétences

Tous les métiers sont impactés par la transition écologique. La formation professionnelle permet aux agents dacquérir des compétences nouvelles et d’actualiser leurs pratiques pour réinventer leur métier.

Les changements pour les pros de la DRH

Les équipes RH sont, elles, au cœur de ces transformation métiers. C’est souvent à elles d’identifier les nouvelles compétences nécessaires pour les métiers verts ou verdissants (Energie managers, gestion de l’eau et des déchets, isolation des bâtiments, biodiversité, décarbonation…). La ville de Grenoble, par exemple, travaille avec ses agents sur la transformation de leurs métiers. Des enquêtes ont été réalisées sur les postes de jardiniers, thermiciens, et agents des ateliers mécaniques. Afin d’imaginer de futures fiches de poste, comme des « jardiniers médiateurs » qui iraient au contact des habitants pour leur expliquer le passage à des essences plus durables, la gestion différenciée, la biodiversité...

Les changements pour les experts de la DSI

Les services DSI eux aussi ont un rôle important à jouer. Selon le dernier rapport de l’ADEME, le numérique représente 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) en 2021, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025. Il faut apprendre à concevoir des services numériques sobres, imaginer utiliser l’énergie déployée par les data centers, optimiser son parc informatique… La loi AGEC précise notamment que, pour toute structure publique, 20 % des achats de matériel informatique doivent être issus du réemploi.

Les changements dans le marketing et la communication

C’est aussi le cas des métiers du marketing et de la communication qui doivent et analyser systématiquement l’impact environnemental de leurs campagnes, apprendre à concevoir des événements engageants avec un faible impact pour la planète et toujours valoriser les engagements de leur établissement en évitant le greenwashing.

La montée en compétences des experts de la RSO

Sans oublier la montée en compétences des agents qui sont au cœur de la démarche RS0 de l’établissement. Il faut piloter la démarche, suivre et intégrer les actualités réglementaires, connaitre les référentiels, recenser les accompagnements possibles, obtenir des aides, trouver et animer un réseau de relais internes (ambassadeurs…).

Vraiment tous les métiers sont concernés

C’est le cas des agents des services financiers qui intègrent des méthodes de comptabilité verte. Mais c’est aussi le cas des agents en charge de l’entretien des espaces verts qui doivent mettre fin à l’usage de pesticides. On peut aussi citer les professionnels de la restauration scolaire chargés d’aller vers des produits locaux et de saison. Il y a aussi les acheteurs publics qui doivent faire face à l’intégration de critères environnementaux dans les marchés publics. N’oublions pas que d’ici 2025, 100 % des marchés publics devront intégrer une disposition environnementale (PNAD 2022-2025).

3. L’engagement des managers pour aligner toute l’organisation

La transition écologique comme nouvel enjeu des managers

Si tous les métiers doivent s’engager dans la transition écologique, tous les échelons de l’organisation aussi. L’engagement des managers doit être porté par des convictions et des connaissances solides. Sans cela, il n’est pas possible de mobiliser les agents de manière durable sur cette question stratégique.

Il est donc impératif de renforcer le socle de connaissances de base des dirigeants publics. L’intégration des questions environnementales est essentielle, au même titre que les sujets liés aux finances ou aux RH. Une étude La Gazette – Axa Prévention, réalisée en avril 2024, montre par exemple que, même très motivés pour lutter contre les effets du dérèglement climatique et ses conséquences, les élus et les agents dirigeants des petites communes s’estiment peu soutenus et insuffisamment formés.

« Commencer par se faire un point de vue éclairé, et éviter de confondre météo et climat, est un premier pas fondamental pour un manager. Ensuite, avoir conscience de ces enjeux dans son métier, devient un devoir », analyse Catherine Jacquet, directrice de projets et experte en management et leadership au sein du groupe Cegos.

Nouvelles pratiques managériales en accord avec la transition écologique

C’est bien l’objectif du Plan de transformation écologique de l’État. Plus de 5 000 cadres supérieurs ont déjà été formés et 25 000 le seront d’ici la fin 2024. Idem pour la fonction publique hospitalière. Les dirigeants des GHT (groupements hospitaliers de territoire) ont reçu en 2023 un courrier ministériel les invitant à participer à la formation à la transition écologique. Autre exemple, la création d’un label "Hauts fonctionnaires territoriaux, experts climat" par l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF).

Là encore, les impératifs de transition écologique imposent aux établissements publics d’aller au-delà de la sensibilisation et de changer durablement de pratiques managériales.

Intelligence collective et transition écologique vont de pair.  Il faut en effet passer à des modes de management plus collaboratifs, plus transversaux, travailler en mode projet. On privilégie le dialogue, l’espace nécessaire à l’émergence de solutions nouvelles, la valorisation des potentiels et des forces. On ne cherche plus uniquement à résoudre les problèmes ou à colmater les faiblesses…

Accompagner les managers à développer un leadership plus responsable et inclusif en modernisant leur posture et s’ouvrant davantage, est également une piste pour réussir la transition écologique dans le secteur public.

4. Le soutien constant de la dynamique pour accompagner le changement

Une fois les enjeux compris, les compétences développées et les managers alignés, il est indispensable de veiller à soutenir la dynamique engagée.

Conseils pour une communication efficace sur la durée

Communiquez régulièrement sur les actions mises en œuvre pour montrer aux agents que leur contribution est importante. Encouragez-les à s'impliquer davantage. Mais attention à ce que votre communication soit authentique et transparente, sous peine de ne pas être bien perçue par les équipes.

Pour cela, restez alignés avec la réalité de la trajectoire écologique de votre établissement et sur les progrès qui restent à accomplir. Et ciblez des sujets précis et donnez des exemples concrets de résultats obtenus ou d’actions possibles et des conseils pratiques.

Diversifiez les supports et les formats (mémo, infographie, podcast, vidéo…) et les canaux utilisés (mail, intranet, réseaux sociaux…) en interne comme en externe afin de maximiser la portée de vos messages.

Favorisez les partages d’expérience et de bonnes pratiques. Mettre en place des groupes de travail, des boîtes à idées ou des enquêtes de satisfaction permet de recueillir les suggestions des agents et de les impliquer dans la démarche de transition écologique. Mettre en place un système de partage d'expériences entre les agents permet de diffuser les bonnes pratiques et de mutualiser les savoirs. La nomination de relais (ambassadeurs, responsables sobriété…) permet de relayer les informations et diffuser les bonnes pratiques. Proposer une « charte de l’éco-agent » peut également permettre de créer une communauté qui se reconnaît et échange sur ses pratiques.

La gamification pour faire vivre cet engagement au quotidien

N'hésitez pas non plus à mobiliser régulièrement les équipes lors d’événements autour des comportements éco-responsables. Le challenge inter-administrations CUBE. Étatest un exemple intéressant de ce qui peut être envisagé. L’Opéra de Paris, Hôtel des Invalides, etc., en tout 500 bâtiments de l’État y sont engagés pour viser 10 % d’économie d’énergie.

Plus simple encore, organisez des concours de réduction de déchets, des ateliers de jardinage… rien de tel pour mobiliser les agents et les sensibiliser de manière ludique. Enfin, appuyez-vous sur des événements fédérateurs tels que la Semaine du développement durable ou le Digital Clean’up Day, autant d’opportunités pour créer un sentiment d’appartenance à un mouvement national ou international et créer une dynamique positive.

« Sensibiliser massivement est une utopie si l’on n’a pas formé les métiers et embarqué les managers. Il faut faire avancer collégialement l’ensemble des équipes depuis la direction jusqu’aux agents de terrain, conclut Catherine Jacquet. C’est l’ensemble de l’organisation qui doit s’aligner sur ces nouveaux enjeux. L’objectif : avoir une lecture partagée de la situation pour pouvoir se projeter, anticiper et au final alléger son impact écologique. »

La transition écologique, une obligation réglementaire

Parmi les lois qui s’imposent aux établissements publics en matière de transition écologique, on peut citer la loi Grenelle II (2010), la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (2015), la loi Avenir Mobilité (2019), la loi Climat et Résilience (2021) la loi REEN (2021) …

L’ensemble de cet arsenal réglementaire impose aux établissements publics de mener des actions concrètes et durables afin de :

- renforcer la performance environnementale (réduire les consommations d’énergie, maitriser les émissions de gaz à effet de serre, développer les énergies renouvelables),

- acheter mieux et de gaspiller moins (achats responsables, gestion des déchets, limiter le gaspillage),

- préserver la biodiversité,

- mobiliser et de former leurs agents.

En plus de ces textes législatifs, de nombreuses initiatives et outils sont disponibles pour accompagner les établissements publics dans leur démarche de transition écologique. On peut citer le Fonds de développement durable des territoires (FDDT), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), et bien sûr, le plan de transformation écologique de l'État pour des services publics écoresponsables (SPE).

Ce plan ambitieux vise à faire des services publics des exemples en matière de transition écologique : « Nous sommes ainsi le premier pays au monde à avoir décidé de former l’intégralité de nos agents publics aux enjeux environnementaux…  L’objectif est clair : d’ici 2027, tous les agents publics devront avoir été formés. C’est au total 5,7 millions d’agents publics des trois versants de la fonction publique d’ici la fin du quinquennat » (circulaire ″Services publics écoresponsables″, n° 6425-SG du 21 novembre 2023.)

Ecrit par

Cegos

En savoir plus
newsletter image

Recevez nos newsletters

Formation, Management, Commercial, Efficacité pro

Abonnez-vous