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La liste noire de la délégation dans les projets

François DeboisResponsable Innovation


Le chef de projet ne peut pas tout faire tout seul. C’est pour cela qu’il va déléguer une partie de sa mission aux intervenants projets. Ces derniers auront même à faire face à une double délégation :

  • Celle du chef de projet qui va déléguer une partie de sa responsabilité sur la mission globale du projet.
  • Celle de leur responsable hiérarchique qui va déléguer une partie de ses responsabilités techniques pour effectuer la tâche affectée.

Vous connaissez le sketch du bon et du mauvais chasseur des Inconnus ? Et bien dites- vous qu’il y a bonne et mauvaise délégation dans le projet !

Voilà un florilège de phrases que vos équipiers ne devraient jamais entendre de votre part.

"Tu n’as jamais fait ça avant, mais tu vas t’en sortir"

Voici une phrase que l'on pourrait compléter par : "En fait, c’est super facile. N’importe qui peut le faire. Je ne vois même pas pourquoi on passe du temps à se voir pour ça, j'aurais pu te missionner par mail." Nous sommes là dans une forme de déni de complexité de la tâche à accomplir.

Si vous missionnez un équipier, c'est certainement parce qu'il dispose de talents pour réaliser la tâche, mais vous devez aussi accepter le fait que certains aspects lui échappent. Il est essentiel de les évaluer pour identifier quel soutien vous ou son responsable hiérarchique pouvez lui apporter.

"Tu fais comme tu veux, on verra si ça colle."

Qui pourrait également se traduire par « je pars en business trip pendant un mois, il faut que ça soit terminé à mon retour ». La confiance et l'autonomie, c'est bien, mais la délégation, ce n'est pas l'abandon !

Le fait de n'avoir aucune contrainte ou aucun point de contrôle intermédiaire ne permet pas de rassurer l'équipier sur le fait qu'il est sur le bon chemin, ou alors de le réorienter (sans compter les risques de procrastination qui peuvent en découler).

"Je sais que c’est pas très passionnant, comme tâche, mais il faut la faire"

Bien souvent, nous projetons nos propres leviers de motivation sur les équipiers du projet. Une tâche nous passionne ? Nous allons avoir tendance à la survendre en multipliant les superlatifs ("tu vas voir, c'est génial !"). Et nous aurons tendance à traîner les pieds pour les tâches que nous considérons ingrates, alors que... le prisme de l'équipier peut se révéler très différent !

Construire une simulation budgétaire sur Excel peut se révéler être une source d'exaltation pour une personne qui mange du tableau croisé dynamique au petit déjeuner !

« Il n’y a pas d’urgence » / « c’est urgent »

L'incertitude est anxiogène, et une urgence se qualifie toujours.

Tout est question de référentiel : lorsque vous dites "il n'y a pas d'urgence" car l'équipier dispose de deux semaines pour faire le travail, c'est peut-être une urgence pour lui car son plan de charge est déjà plein !

"J’ai demandé à ton collègue de te filer un coup de main"

Vous connaissez la formule : 2 personnes responsables = personne n'est responsable , sans compter la fameuse loi de Brooks ! Bien sûr, certaines tâches supposent de la collaboration, soit pour des raisons techniques, soit pour des questions de compression des délais (le crashing). Mais il est essentiel d'être explicite sur l'attribution de la responsabilité de la tâche.

"Ce n’est pas exactement ce que j’imaginais, mais ce n’est pas grave, je vais le terminer moi-même"

Un objectif flou débouche toujours sur une absurdité précise. Le livrable n'est pas celui que vous attendiez ? Vous en êtes probablement co-responsable, car la cible n'était pas assez explicite.

Le fait de terminer le livrable (parfois dans un sursaut de sur-qualité ou de perfectionnisme excessif) risque de générer des effets de résonance sur les prochaines collaborations. A quoi bon finir le travail si c'est vous qui mettez le coup de pinceau final à chaque fois ?

Et vous, voyez-vous d’autres phrases à ajouter à la liste noire de la délégation ?

Ecrit par

François Debois

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