Vos équipiers sont-ils des golfeurs, des relayeurs ou des footballeurs ?
Dans la lignée des travaux de Vincent Lenhardt, nous envisageons trois formes d’équipe que peut rencontrer tout chef de projet tout au long de son projet. Quelles sont ces trois formes d’équipe ? Certaines formes sont-elles plus performantes que d’autres ? Comment le chef de projet peut-il aider son équipe à évoluer d’une forme à une autre ? Est-ce que tous les équipiers sont concernés ?
Les golfeurs
Voilà un sport bien individuel !
Même si chaque golfeur s’entraîne dans un club avec d’autres partenaires avec qui ils forment une équipe, cette pratique met essentiellement en valeur des talents personnels qui vont faire la réussite et la renommée de tel ou tel sportif.
Si vos équipiers :
- Ont des expertises pointues, difficilement transférables,
- Sont des as de l’adresse et de la concentration,
- Ont besoin de calme et de silence pour œuvrer,
alors ce sont sûrement des golfeurs.
Leurs talents sont reconnus par tous, ils sont généralement performants dans leur art mais le travail d’équipe n’est pas leur domaine. Non qu’ils s’en désintéressent mais ce n’est simplement pas leur préoccupation. Le chef de projet aura tendance à les manager de façon individuelle, par des entretiens, des « fiches de tâches », des délégations responsabilisantes et spécifiques.
Les relayeurs
Par définition, les relayeurs travaillent avec les autres puisque leur but est non seulement d’être performant mais aussi de passer le relais dans les meilleures conditions possibles à leur partenaire.
En course à pied, en natation ou encore en cyclisme, la performance collective est la résultante des performances individuelles. La gestion des temps individuels, de la fatigue ou des retards internes à l’équipe détermine leur excellence.
- Se préoccupent du contributeur suivant
- Se considèrent comme les maillons d’une chaîne
- Ont en permanence en tête les objectifs d’équipe : résultats attendus, respects des délais finaux et intermédiaires, ressources utilisées, etc…
alors ce sont sûrement des relayeurs.
Ils savent que chacun contribue au résultat final, ils cultivent à la fois le travail individuel et le sens du collectif. Il existe beaucoup d’outils de conduite de projet bâtis sur cette conception du travail en équipe : organigramme des tâches, diagramme en réseau, planning de Gantt… En utilisant ces outils, le chef de projet entretient la vision collective du projet. Par les tours de table en réunion d’avancement, il sait mettre en évidence les relations d’interdépendance des équipiers.
Les footballeurs
Quoi de plus collectif ? Ce sport (ainsi que beaucoup d’autres : rugby, handball, basket,…) allie talents individuels, jeu collectif et gestion des imprévus.
Les équipes performantes font preuve à la fois de rigueur, d’entrainements, de stratégie mais aussi de souplesse, de confiance et de vision globale.
Si vos équipiers :
- Montrent une grande implication de l’amont à l’aval même sur des activités qui leur sont étrangères
- Savent analyser « en situation » leurs points forts et leurs points faibles collectifs
- Sont solidaires de l’équipe même sur des décisions qu’ils désapprouvent
alors ce sont sûrement des footballeurs.
Le sens de l’équipe porté au plus haut point, chacun fait sa part mais se sent aussi responsable de la façon dont l’équipe communique et résout les problèmes. Dotée d’une âme collective qui lui est propre, cette équipe est composée de membres qui sont fiers de lui appartenir et de la représenter. Les initiatives individuelles se font toujours au service du collectif.
A quoi ressemble votre équipe ?
Il n’est pas rare qu’on observe ces trois phénomènes :
- Quelques experts ponctuels du genre golfeurs,
- Des équipiers plus investis dans le collectif et soucieux de suivre l’organisation prévue pour passer un jalon en respectant bien le cahier des charges mais qui, une fois le jalon passé, se désinvestissent en partie, ce sont les relayeurs,
- Un noyau dur, se positionnant comme partenaire du chef de projet, représentant véritablement l’âme de l’équipe et l’âme du projet, les footballeurs.
Cette dynamique d’équipe varie en fonction des phases du projet, en fonction des succès ou obstacles que l’équipe rencontre, de la diversité et de l’ouverture des différents membres qui la composent et en fonction des besoins de chacun. Untel s’épanouit au fur et à mesure du projet et s’intéresse de plus en plus à l’équipe. Tel autre, une fois sa contribution fortement sollicitée, semble moins impliqué. Un troisième intervient moins souvent mais devient plus serein et débloque des situations.
Comment aider des golfeurs à devenir relayeurs ?
- Les faire participer au maximum de réunions d’avancement, même s’ils ne se sentent pas toujours concernés par les sujets,
- Les faire travailler en binômes (pour briefer un autre équipier, pour se former mutuellement)
- Leur demander d’accompagner tel ou tel pour leur permettre de s’ouvrir à d’autres choses que leur spécialisation
- Les inciter à vulgariser leur expertise en présentant leurs travaux en réunion d’équipe ou au COPIL
Comment aider des relayeurs à devenir footballeurs ?
- Quand les imprévus en phase de réalisation viennent contredire la préparation, favoriser la résolution des problèmes en groupe
- Partager largement et fréquemment la vision commune du projet en acceptant leur influence
- Passer du leadership au « communityship »
- Favoriser la créativité collective et fêter les réussites
- Accepter le fait qu’il vous faudra du temps et qu’il y aura aussi des temps de « régression » où chacun revient à ses attributions personnelles.
Dans tous les cas, rappelez-vous que ces changements de posture dans une équipe sont la résultante à la fois de ce qu’est réellement l’équipe, des besoins de chacun, de votre style de management et du contexte d’évolution du projet.