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Lors de sa dernière intervention à l’Université Ouverte des Compétences Bernard Masingue a dressé un panorama objectif de la situation à date du tutorat. Entre politique et réalité terrain, entre pratiques et représentations du tutorat, l’écart est souvent important. Ce décalage tenant autant aux enjeux sous-jacents de la transmission entre les âges qu’au contexte mouvant et incertain de l’entreprise.
Un premier constat tout d’abord sur une représentation toujours très présente lorsqu’on évoque le tutorat. Le tutorat c’est « un ancien qui forme un plus jeune ».
Et Bernard Masingue de préciser que l’idée même de tutoré inversé (un plus jeune devenant tuteur d’un plus ancien), présentée comme novatrice, confirme à quel point cette représentation est fortement ancrée. L’explication de la persistance de cette vision se trouve dans l’histoire même des organisations de travail.
Au commencement de cette mise en perspective, on peut citer l’image de l’apprenti et de son maître compagnon issue du moyen âge.
Puis l’organisation scientifique du travail et le « one best way to do » qui introduisit l’idée d’un modèle unique de transmission du savoir et d’une séparation entre bureau d’études en charge de la définition de la meilleure manière de faire et exécutants. Ce modèle pouvant d’ailleurs être jugé comme efficace et pertinent dans son lien avec un référentiel d’emploi.
La sociologie des organisations « fissura ensuite le modèle » car si on reste encore dans l’idée générale de transmission des savoirs, les jeux d’acteurs dans le système y seront pris en considération. Des ingrédients nouveaux seront ainsi mis en avant dans la relation de l’apprenant à son organisation du travail tels que la négociation de l’acteur, les rapports de pouvoir ou encore le calcul de perte ou de gain.
Le début du 21ème siècle est quant à lui dominé par une économie de services dans laquelle la définition d’une prestation de services se définit dans un processus et une relation ; la relation étant elle-même une co construction par définition difficilement modélisable.
Dans ce contexte mouvant, cette « économie aléatoire », la notion de tutorat évolue nécessairement. L’individu doit aujourd’hui construire son propre professionnalisme dans le contexte évolutif de l’emploi et d’organisations elles-mêmes en perpétuel changement.
La relation de transmission maître élève et les processus stables de travail se substituent à une « pédagogie de l’accompagnement réalisée dans les deux sens de la relation tuteur tutoré ».
Une nouvelle définition du tutorat implique ainsi la distinction entre transmission et accompagnement.
Autre notion clé : pour accompagner, il est nécessaire que l’acteur qui accompagne prenne du recul par rapport à son activité professionnelle, ce que nous appellerons l’expérience. Il faut donc dans l’enjeu de transmission distinguer le vécu ou l’ancienneté de l’expérience défini comme du « vécu analysé ».
Le poids des représentations communes et tenaces du tuteur évoquées précédemment amène nombre d’entreprises à répondre tout naturellement « le plus ancien » confondant au passage vécu et expérience.
Au final, note l’intervenant « ce que l’on appelle des vérités ne sont ainsi que des représentations ». Car la réalité du terrain est tout autre. L’ensemble des études actuelles réalisées sur la pratiques tutorales montrant en effet dans la majorité des cas un tutorat exercé dans l’entreprise par des médians expérimentés (30 à 45 ans) et non des seniors… venant ainsi en contradiction avec certains affichages politiques. (1)
L’enjeu est de taille car comme l’a écrit Mathilde dans de précédents billets sur le tutorat (1), (3) et (4) « la transmission est nécessaire à la préservation du corps social ». Voyons ensemble les 5 préconisations de Bernard Masingue sur ce sujet :
Bernard Masingue remet ainsi en lumière au travers de ces 5 préconisations l’importance de la sélection des tuteurs, du processus d’apprentissage de l’accompagnateur, du cahier des charges à réaliser par l’institution sur les missions attendus du tuteur et d’un apprenant mis dans une situation réelle de responsabilité effective dans un emploi. (2)
(1) Tuteurs, mentors, que transmettre aujourd'hui ?
(2) En illustration de différents accords de tutorat voir le billet de Mathilde
(3) Billet de Mathilde sur le Rapport adressé par Bernard Masingue au Secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, intitulé: "Seniors tuteurs, comment faire mieux".
(4) Billet de Mathilde sur la politique tutorale
Opération impossible