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Lutter contre la procrastination : le modèle Picasso

Pascale BélorgeyExperte Efficacité professionnelle et autrice de La Boîte à outils Process Communication Model®
  • Inspirons-nous de Pablo

  • 1. L'esquisse : les grandes lignes de la vision

  • 2. L'ébauche : la concrétisation des idées

  • 3. Le style : la mise en lumière

  • 4. La touche finale : la décision d'arrêter

La procrastination - reporter sans cesse une tâche - est l'un des fléaux les plus communs de notre gestion du temps. Elle peut avoir plusieurs causes. L'une d'elle provient du fait que nous ne savons pas par quel bout prendre notre travail. Cela concerne essentiellement nos dossiers de fond, la résolution de problèmes complexes, tout ce qui demande réflexion et création de solutions nouvelles. Ne sachant par où commencer, nous reportons à plus tard le temps de nous y mettre. Lorsque nous aurons les idées plus claires. Lorsque nous aurons le temps. Mais le quotidien nous précipite dans la réalisation de tâches maîtrisées que nous nous empressons d'achever. La journée est passée et nous n'avons toujours pas attaqué notre dossier de fond.

Inspirons-nous de Pablo

Un artiste est quelqu'un qui travaille l'inconnu en permanence. A ce titre, nous pouvons nous inspirer leurs méthodes. Pour Pablo Picasso (1881-1973), "l'action est la première marche vers le succès". Regardons cette vidéo, extraite du très beau film d'Henri-Georges Clouzot "Le Mystère Picasso" (1955), et voyons comment le Maître s'y prend pour peindre une toile.

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1. L'esquisse : les grandes lignes de la vision

Picasso brosse très vite à grand coups de pinceau les grandes lignes du tableau. Ce ne seront pas les contours définitifs et il le sait. Cela ne l'empêche pas d'agir, au contraire. Il se donne la permission d'aller vite, parce qu'il se donne aussi le droit de modifier sa vision ultérieurement. Pour nos dossiers, visualisons l'usage final qui sera fait de notre livrable. A quoi va-t-il servir ? Qui lira notre document, et dans quel but ? Pour en faire quoi ensuite ? Quelles décisions vont dépendre de notre travail ? Quelles informations sont nécessaires ? Nous aussi, nous pouvons brosser les contours de notre livrable à grands traits. Jeter sur le papier les grandes thématiques qu'il doit comporter. Et tant pis s'il en manque, nous les ajouterons plus tard, dans la phase d'exécution. Ce n'est pas grave non plus s'il y en a trop, nous ferons le tri dans un second temps.

2. L'ébauche : la concrétisation des idées

Dans cette deuxième phase, Picasso confronte sa vision à la réalité des pigments. Il peint, ajuste la forme, se reprend, ajoute des éléments, supprime des traits, creuse une courbe, juge des contrastes, recommence encore et encore. C'est en voyant l'œuvre se construire que sa pensée créatrice affine la composition du tableau. De la même façon, c'est en produisant des ébauches successives que nous ferons évoluer notre pensée et les contours de notre projet. En édifiant le plan d'un document, nous verrons ce qui manque pour faire le lien entre deux parties. En produisant une maquette rapidement construite, nous identifierons très vite les points forts et les axes d'amélioration de notre livrable. Le travail en mode "brouillon" autorise les ratures et reprises. Nous gagnons beaucoup de temps à essayer plutôt qu'à penser. Nous sommes d'autant plus pertinents que nous pouvons juger du résultat au fur et à mesure de l'avancement de notre travail.

3. Le style : la mise en lumière

Il arrive un moment où Picasso ne fait plus de modification majeure. Il travaille l'arrière-plan, modifie l'éclairage général du tableau et de la figure principale. Il met son style au service de la lisibilité et de la puissance de l'œuvre dont les caractéristiques ont été installées dans les deux phases précédentes. Il est temps, enfin, de nous consacrer à la mise en forme, aux détails qui ont leur importance pour la compréhension de notre texte ou le confort de l'utilisateur. Souvent, nous avons tendance à vouloir anticiper cette étape, et c'est ce qui nous bloque. A vouloir commencer par une phrase bien tournée avant même de savoir exactement où nous allons, nous perdons du temps. Au contraire, en fin de processus, notre cerveau est imprégné de notre projet : il énonce plus clairement ce qu'il conçoit maintenant très bien.

4. La touche finale : la décision d'arrêter

Terminons par cette citation de Paul Gardner : "Une peinture n'est jamais finie - elle s'arrête simplement en des lieux intéressants". Picasso aurait pu s'arrêter avant. Nous aurions perdu la touche cubiste qui signe les toiles du Maître à cette période de sa vie. Il aurait pu continuer après. Nous ne saurons jamais ce que serait devenue cette chèvre s'il avait travaillé non pas cinq mais dix ou vingt heures. Et après tout, quelle importance ? L'œuvre est magnifique telle qu'elle est. Cela suffit. Et Picasso a pu entamer dans la même journée une nouvelle toile - grand format - pour le bonheur de Clouzot et le nôtre. Nous pourrions également être tentés de passer un temps démesuré à peaufiner notre travail. Pour lutter contre le perfectionnisme improductif, projetons-nous, comme Picasso, dans notre prochaine grande toile.

Pour plus d'astuces, retrouvez la boîte à outils de la gestion du temps

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Ecrit par

Pascale Bélorgey

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