Cadres : alignement ou soumission stratégique ?
Il y a quelques années, le Groupe Cegos (organisme de formation professionnelle) sortait les résultats d’une étude intitulée le « Divorce des cadres ». Cette étude mettait en évidence les prémices d’une nouvelle donne quant au couple Dirigeants/Relais d’encadrement.
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Historiquement, les cadres ont toujours été garants des règles et vecteurs de la politique de leur direction. Or, depuis quelques années, les cadres ne prêtent plus nécessairement allégeance à leur hiérarchie comme c’était le cas il y a vingt ans. Probablement qu’à terme, avec l’émergence de la génération Y porteuse de nouvelles valeurs, le phénomène peut encore s’accentuer.
Tentons quelques explications
Une démarche stratégique ne trouve sa légitimité qu’à travers une implication et un engagement des membres qui participent au destin collectif de cette organisation, à commencer par les relais de management. Cette implication est aisée dans les entreprises dont les performances sont un gage d’opportunités positives pour les différents acteurs concernés. Elle est plus difficile, mais concevable pour une entreprise en difficulté, mais dont la stratégie de compétitivité reposerait sur la mobilisation des acteurs qui peuvent être amenés à faire des efforts pour sauver l’entreprise et par là même leurs emplois.
En revanche, cette implication devient une utopie lorsque la stratégie mise en œuvre apparaît comme dirigée contre les membres de l’organisation, voués à en être exclus ou à subsister dans un organisme affaibli.
En outre, de manière légitime, les directions attendent un devoir de loyauté total de la part de leur encadrement. Mais peut-on être totalement aligné, loyal, porteur d’une stratégie et des décisions associées, si l’on a le sentiment profond de ne disposer d’aucune marge de manœuvre et surtout d’aucun espace de confrontation possible ? A ce titre, plus que de l’alignement, nous observons souvent davantage une logique de soumission résignée de la part des relais de management. La question est de savoir si dans une perspective durable il est possible de porter et d’incarner une stratégie dans ces conditions.
Des rebelles muselés par la crise ? La morosité ambiante et le sentiment d’être « menacé » à titre personnel sur l’autel de la rentabilité, au même titre que les ouvriers, peut bien sûr renforcer le phénomène.
Pour une règle du jeu réellement intégrée et partagée
Prônons une règle du jeu saine, constructive et génératrice de confiance dans le couple Dirigeants/Managers : devoir de loyauté + droit de confrontation. Cette simple règle mobilise une valeur essentielle tant au niveau des dirigeants que des managers : le courage !