A la question « Savez-vous ce que signifie le CPF ? », une majorité des collaborateurs, réunis récemment en Atelier d’information sur le sujet au sein de mon entreprise, a répondu : « Non, mais cela remplace le DIF ? ».
Rien de réellement surprenant en soi, mais cela confirme ce que je pressentais, à l’aube de la mise en place concrète des nouvelles dispositions de la Réforme de la Formation issue de la Loi du 5 mars 2014.
A savoir : malgré une communication « grand public » (souvenons-nous de tous les articles parus dans la presse le 5 janvier dernier, jour de mise en route du CPF) et malgré le fait d’avoir communiqué au préalable en interne dans l’entreprise, l’appropriation, par les principaux intéressés, de ce qui leur est destiné, ne pourra se faire sans un réel effort d’accompagnement de la part des acteurs de la formation.
Où il est question de tectonique des plaques…
En tant que Responsable Formation, à travers l’expérience du DIF, je percevais déjà toute l’importance de l’accompagnement des collaborateurs pour une utilisation bien comprise d’un tel dispositif.
Et il y a déjà 10 ans, avec l’apparition du DIF, on pouvait considérer que chaque collaborateur de l’entreprise avait déjà mis au moins un pied sur un nouveau continent, celui où il devenait un peu plus responsable qu’avant du maintien et du développement de son employabilité…
Aujourd’hui, avec le CPF, nous pourrions poursuivre dans cette veine, en se disant que la création de ce dispositif renforce la possibilité, pour un collaborateur, de voir ses deux pieds bien ancrés sur ce nouveau continent. Et le risque existe alors de voir ce continent dériver loin des préoccupations des responsables formation en entreprise… La tectonique des plaques, toujours à l’œuvre, même si nous n’y prêtons attention, aurait alors un effet à mes yeux négatif.
Ainsi, puisqu’avec le CPF, a priori géré en externe, on incite encore davantage l’individu à être le véritable acteur de son parcours professionnel, on pourrait s’attendre à un changement de positionnement de la fonction formation dans l’entreprise. En tout cas vis-à-vis des souhaits des collaborateurs quant au maintien et au développement de leur employabilité. Avec davantage d’autonomie en la matière pour ces derniers, et par conséquent une prise de distance de la part du Responsable Formation ?
Où il est question de faire un choix quant à son positionnement en tant qu’acteur de la formation…
Je pense qu’il n’en est rien, bien au contraire. Et le succès rencontré, en interne, lorsqu’on propose aux collaborateurs de venir s’informer sur le CPF lors des Ateliers dont j’ai déjà parlé, tendrait à illustrer leur appétence pour être de nouveau accompagnés, guidés, face à tous ces changements annoncés et quelque peu opaques pour eux (on peut les comprendre…).
Du coup, cette Réforme de la Formation nous pousse à nous interroger, en tout cas en tant que Responsables Formation d’entreprise, sur les espaces de dialogue que l’on souhaite maintenir, créer, ou développer, entre les collaborateurs d’une part, et les représentants de la Politique RH en général, et de la Formation en particulier.
Selon la capacité qu’a un collaborateur de l’entreprise à être informé de ses possibilités de formation ou bien d’engager le dialogue sur le sujet avec un représentant de l’Employeur (Manager, DRH…), l’entreprise elle-même peut se ranger dans diverses catégories, différenciées par le type de politique de formation et son influence sur l’aspiration des salariés à se former.
Cette analyse m’a personnellement beaucoup intéressé lorsque j’ai réalisé mon Mémoire pour l’Executive Master Management de la Formation que j’ai suivi l’an passé, et sans doute ces notions nécessiteraient d’être abordées dans de futurs articles (je pense notamment à l’approche par les Capacités, issue des travaux d’Amartya SEN, et pouvant être appliquée au champ de la formation continue).
Mais pour l’instant, ce qui m’intéresse, ce serait de savoir si cette réflexion, que j’ai menée à mon propre compte, sur la façon dont la fonction formation doit s’impliquer vis-à-vis des collaborateurs concernant leur employabilité, est partagée par d’autres acteurs de la formation, en ce moment si particulier où nos certitudes d’hier sont remises en cause par les évolutions d’aujourd’hui !