Comment utiliser le modèle SAMR pour convertir ses formations en distanciel ?
Le modèle SAMR, définit par Ruben Puentedura, fournit une grille de lecture intéressante pour convertir des formations intégrant des activités en présentiel en formations totalement distancielles. Elles utiliseront des contenus digitaux existants et des outils, solutions, modalités nouvelles pour redéfinir progressivement ce qui se passe en présentiel et/ou ajouter de nouvelles tâches formatives impossibles avant.
Voici quelques idées au fil des 4 lettres de ce modèle issues de l’expérience acquise de design et d’animations de parcours de formation distanciels.
S comme Substituer
"La technologie ne fait que répliquer sans apporter aucun changement fonctionnel"
Focalisons-nous ici sur les classes à distance venant se substituer totalement au présentiel ou permettre un parcours de formation joué différemment avec sessions synchrones. Ceci se réalise sur des durées plus ou moins longues et des scénarios pédagogiques redistribués ou resserrés comme l’explique François Debois ici.
D’un point de vue solutions de classes virtuelles, les grands gagnants de l’année 2020 sont Zoom et Teams tel que l’officialise le hit-parade de Jane Hart 2020. Ces technologies permettent de vivre des expériences synchrones à distance et même de remplacer ce qui se joue en présentiel dans la formation « classe à distance » présentée dans le billet de François Debois ci-dessus.
Le défi pour le formateur consiste alors à réussir l’engagement des participants en utilisant des fonctionnalités embarquées dans la solution retenue ou en utilisant des outils externes pour que l’apprenant vive une expérience apprenante sans complexité qui s’approche du présentiel.
Voici quelques idées pour atteindre ce but :
- Capitaliser sur les fonctionnalités les plus simples de la solution de classe virtuelle retenue telle que fil de commentaires pour favoriser la participation qui est un levier puissant pour que les apprenants soient les producteurs du contenu et s’expriment.
- Alterner des séquences exposés avec des séquences de travail seul ou en grand groupe. Notons que Jane Hart cite dans l’analyse de son panel la tendance du « Back to basics » : PowerPoint se classe ainsi parmi les outils préférés en 2020 pour supporter la présentation de contenus, le logiciel pouvant s’enrichir d’animations variées (images, vidéos...) qui maintiendront l’attention.
- Utiliser des outils d’animations digitaux gratuits (Answer garden, Wordart, Sentimy, Rebus o matic etc.), des fonctionnalités embarquées dans sa solution de classe virtuelle (tableaux blancs par exemple pour un brainstorming), ou encore des solutions avec un modèle freemium (Wooclap, Beekcast, Klaxoon…). Les usages de ces outils permettent de réaliser le contenu qui se fabrique en présentiel sur tableaux numériques ou outils non digitaux (paperboard, post-it…)
Pour outrepasser les risques de ne pas installer un climat favorable à l’apprentissage, il est aussi préférable d’être précis sur les accès dans les emails de convocation et de rassurer, rendre acteur, valoriser, impliquer les apprenants tout au long du déroulement de la classe virtuelle tout en octroyant des pauses comme en présentiel.
A comme Augmenter
"La technologie agit comme substitution directe d’outil avec amélioration fonctionnelle"
Le digital, les outils digitaux permettent souvent d’aller plus loin que la simple substitution d’une tâche en améliorant celle-ci par des actions qui jusque là étaient supportées autrement, produisant moins d’interactivités immédiates et de capitalisation dans la durée.
Par exemple, il est possible aujourd'hui :
- D’obtenir immédiatement les résultats d’un quiz lorsqu’il est joué sur une application digitale individuellement ou collectivement et rebondir très vite,
- De permettre aux participants de voter dans un fil de commentaires, etau formateur de rebondir et creuser avec eux les mentions les mieux approuvées,
- De faire participer et exprimer les humeurs, les approbations, les émotions… en utilisant un alphabet pré-défini établi avec les émoticônes,
- De permettre aux apprenants de s’engager dans le parcours (autodiagnostic, visionnage de vidéo, billet de blog, ou encore module e-learning) pour débuter leur parcours de formation qu’il soit en mode distribué ou resserré,
- De favoriser des productions communessur des documents partagés que les apprenants pourront retrouver dans le temps. Les apprenants produisent le contenu comme en présentiel et viennent le nourrir dans un mode synchrone ou asynchrone (murs digitaux, documents partagés sous Teams, Google drive…). Le formateur peut alors dans une classe virtuelle davantage s’orienter sur la restitution et l’enrichissement du contenu : l’apprenant est ainsi plus au centre de la formation et le formateur exerce son talent d’animateur pour augmenter ce contenu, faciliter l’apprentissage social entre les participants. Notons qu’en asynchrone l’apprentissage en groupe pourrait s’exercer sur un réseau social pour faire dialoguer, apporter de la reconnaissance et construire le contenu,
- De partager instantanément des liens web grâce au fil de tchat qui seront vus sur tout device,
- De changer de salle de travail pour des travaux en sous-groupes et pourquoi pas de fonds de salle pour permettre aux participants de se repérer plus aisément dans le déroulement du scénario pédagogique joué.
- D'attacher des fichiers utiles comme par exemple des études de cas.
M comme Modifier
"La technologie permet une reconfiguration significative de la tâche"
Alors qu’en présentiel, ce qui se vit dans la salle de formation ne peut être revu par les participants qui le souhaiteraient, les solutions de classe virtuelle permettent de revoir à posteriori leur déroulement lorsqu’elles ont été enregistrées ce qui permettra de prendre en considération à nouveau les explications données, les contenus apportés en situation de travail.
La dernière rencontre avec le Cluster innovation by Cegos a mis en évidence que, grâce à la technologie, il devient possible de jouer des parcours événementiels, gamifiés ou non, utilisant un panel large d’outils et modalités qui redéfinissent la tâche. Ainsi Energy formation lors d’un parcours converti du présentiel au distanciel a su tirer profit de la réalité virtuelle pour former aux gestes opérationnels tout en restant sur site, mais à distance. Le formateur expliquait les actions devant être faites au poste de travail ainsi sans nécessité de déplacer les participants.
Lors de cette rencontre, il a aussi été illustré que les parcours sur mesure étalés dans le temps deviennent plus événementiels même à distance. L’IFP School l’a pratiqué en capitalisant sur la solution Teams en classe virtuelle et durant toute la formation pour alimenter les conversations dans le parcours et gamifier celles-ci.
R comme Redéfinir
"La technologie permet la création de nouvelles tâches auparavant inconcevables"
Un exemple unique, porté dans la collection #UP et clarifié ici, propose aux participants de sélectionner le sprint de formation qui fera le plus de sens pour lui pour se former en relation avec son profil. Cette personnalisation est suscitée lors de la classe virtuelle par le formateur et supportée par la technologie présente dans le système LMS. C’est ainsi qu’à distance on peut alors créer une nouvelle tâche, non possible avant, et qui permettra dans une seconde classe virtuelle de favoriser activement la participation en bénéficiant de preuves de transposition et retours d’expériences sur ce qui a été pratiqué en situation de travail.
Basculer le présentiel en distanciel en capitalisant sur le modèle SAMR est ainsi un repère pour guider la conversion tout en veillant en temps que formateur à rester le plus simple possible et éviter une surcharge cognitive digitale non propice à l’apprentissage.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter la Boite à outils des formateurs.