Évolution professionnelle : de médecin à directeur de projet
Médecin et mastérien du programme Management et Direction de Projets, c’est le profil étonnant de Mathias Huitorel. Ce médecin atypique a choisi de faire une formation diplômante pour enrichir sa carrière. Il revient sur ses motivations et ses attentes face à un tel challenge.
Un médecin atypique
Mathias Huitorel est un professionnel aguerri du monde de la Santé. Médecin de formation, il affiche un parcours professionnel particulièrement atypique. « J’ai voyagé dans mon métier », se plait-il à dire. De praticien de services d’urgences à enseignant, en passant par l’encadrement de jeunes médecins ou la recherche clinique. « Toujours en équipe, souligne-t-il, en confessant qu’il ne saurait pas travailler tout seul ». Enfin, son dernier poste chez Sesan, un organisme public qui travaille au développement des Systèmes d’Information de santé, l’a confronté à la gestion de SI et la création d’applications pour le grand public en matière d’accès aux services d’urgences, par exemple.
La gestion de projet, une culture manquante au monde de la santé
Une expérience qui lui a fait réaliser que, malgré sa formation et son parcours, il sentait qu’il lui manquait la compétence gestion de projet. Parce qu’en médecine, il n’existe quasiment aucune culture du management et de la gestion de projet. Pourtant, la Santé est à un moment charnière. La crise sanitaire du Covid-19 a pointé et accéléré la nécessaire mutation technologique et culturelle des métiers de ce secteur. Alors, au moment où l’Organisation Mondiale de la Santé tire la sonnette d’alarme sur le manque de soignants, Mathias Huitorel est, de son côté, convaincu qu’il y a besoin de développer de nouvelles compétences pour comprendre et intégrer tous ces enjeux technologiques dans le corps médical.
Se préparer à négocier un tournant de carrière
En 2019, il a donc décidé de se présenter aux sélections du Mastère Spécialisé® Management et Direction de Projets organisé par Cegos et CentraleSupélec. Cette formation se déroule sur 18 mois et a pour objectif d'acquérir des compétences dans les domaines de la stratégie, des organisations, des processus et des méthodes de management de projet. Et surtout les comportements spécifiques à mettre en œuvre, tournés vers la réalisation et le résultat.
« Je savais que ce Mastère existait depuis quelques années et qu’il était bien rodé. Et puis, CentraleSupélec et Cegos sont de bons gages de qualité. J’attendais également beaucoup de la rencontre avec d’autres professions, car les métiers de la santé ont beaucoup à apprendre des autres secteurs : architecture, logistique, communication…Il y a beaucoup de benchmarks à faire ».
Résultat, une acceptation immédiate lors de l’entretien de sélection. « Moi qui ne pensais pas rentrer dans les cases…, Julie [NDLR : Julie Le Cardinal, responsable Scientifique et Pédagogique de CentraleSupélec] m’a regardé et m’a dit simplement : "Bienvenue" ! »
Bienvenue, mais avec les mises en garde de rigueur pour qui se lance dans un tournant de carrière, tel qu’une formation diplômante d’un an et demi. En plus de sa motivation personnelle, le mastérien doit pourvoir s’appuyer sur deux piliers fondamentaux : la famille et l’employeur. « En guise d’employeur, j’avais l’enseignement plus les gardes, un rythme difficile, intenable, que j’ai dû abandonner. Heureusement, côté famille, j’ai reçu tout le support nécessaire jusqu’à la thèse. Ce n’était pas la surcharge de travail qui me faisait peur, mais bien l’organisation, la vie de famille. J’ai été bien épaulé ! ».
« C’est une vraie aventure qui demande d’accepter la forme d’inconfort qui va avec. Mais cette aventure vaut le coup d’être vécue, à condition de bien la préparer ».
Mathias Huitorel
Promotion 2020
Mastère Spécialisé Management et Direction de Projets
Un nouveau regard sur l’entreprise
Mathias était le seul médecin de sa promotion. « Au milieu de profils divers, c’est bien le brassage qui m’a porté et la curiosité qui a été mon moteur », souligne-t-il. Avec, à la clé, une aventure humaine mémorable et durable. « Bien-sûr, les premiers jours, nous nous regardions tous avec distance, mais de vrais liens d’amitiés se sont noués. Les affinités se sont créées et le partage a été le leitmotiv ». Sans négliger la bienveillance du corps professoral très à l’écoute, a fortiori dans les phases de découragement. « Rien n’est laissé au hasard et chacun des modules d’enseignement m’a appris quelque chose », précise le médecin.
Au point de changer complétement de regard sur l’entreprise. Les cours dispensés dans le Mastère Spécialisé Management et Direction de Projets permettent de mieux analyser et mieux interroger un système, une organisation, un process. Ils donnent des outils pour détecter les dysfonctionnements éventuels et formuler des propositions, de positionner ces propositions au bon niveau hiérarchique. « Reste, côté entreprise, la capacité à recevoir l’interrogation, qui n’est pas dans le même tempo », sourit Mathias Huitorel. En se rappelant que chez certains de mes camarades, cela a pu mal se passer, car les relations hiérarchiques bougent et il faut que les N+1 acceptent les remises en cause.
Équipé pour l’avenir
« Un an après, le changement est là, même s’il est difficile à quantifier », admet Mathias Huitorel. Mais ceux qui cherchaient une référence pédagogique pour casser le plafond de verre ont été satisfaits et tous les autres sont sortis transformés. « De mon côté je n’ai pas encore trouvé la structure qui me permette d ‘exprimer tout mon potentiel de transversalité. Je ne ferai pas de concession sur ce point. J’ai besoin de projets qui me nourrissent pour fonctionner. C’est le prix à payer pour les profils atypiques tels que le mien. Ne jamais se laisser enfermer ! ».
Et de rappeler que « l’un des apprentissages du Mastère est la capacité à regarder et à analyser ce qu’il y a derrière les crises telles que celles que nous traversons depuis deux ans ».
Start-ups, hôpitaux, entreprises innovantes ou en mutation, les débouchés ne manquent pas pour un bon directeur de projets spécialisés dans les métiers de santé. Et quand on lui demande ce qu’il conseillerait à qui voudrait se lancer dans une formation diplômante pour booster sa carrière, Mathias souligne que c’est une vraie aventure qui demande d’accepter la forme d’inconfort qui va avec. Mais qu’elle vaut le coup d’être vécue, à condition de bien la préparer.
Le secteur professionnel de la santé est face à des défis importants qui seront relevés grâce à un supplément de compétences situées hors du champ purement technique. La gestion et direction de projets en fait partie. « Je recommande aux soignants de s’engager dans cette voie ! ».