La routine est morte ! … Vive la routine !
Un précédent billet « Approche traditionnelle ou agilité : sommes-nous condamnés à choisir ? », a illustré les associations possibles entre ces deux démarches.
Et comme nous l’avons vu dans le billet « Disposer d’une vue d’ensemble : une affaire de méthode », pour accéder à une performance jamais atteinte, trois options de principe se présentent :
1. L’amélioration continue, basé sur l’idée que « les petits ruisseaux font les grandes rivières ».
- Clé de succès : apprentissage permanent.
2. Le projet d’amélioration, basé sur l’idée que « les mêmes causes amènent les mêmes effets ».
- Clé de succès : qualité du diagnostic initial.
3. Le projet de rupture, basé sur l’idée que « les solutions précèdent les problèmes ».
- Clé de succès : être convaincu que tout est possible et que rien ni personne n’est indispensable.
Comment étendre la réflexion « approche traditionnelle vs agilité » aux démarches d’amélioration continue ?
Des démarches incrémentales, avec des améliorations opérationnelles régulières
Pour faire un parallèle avec la règle du 70-20-10 dans le domaine de l’apprentissage (70% de l’apprentissage est réalisé par l’expérience « on the job », 20 % par les échanges informels et seulement 10 % en formation formelle), une compétence s’apprécie à l’œuvre et donc au travers des résultats qu’elle délivre. Les progrès « on the job » devraient représenter une grande part des progrès d’une organisation.
Les principes des méthodes agiles mis en œuvre dans le domaine des développements informatiques au travers de la méthode Scrum peuvent être transposés avec profit aux démarches d’amélioration continue. Ce sont en effet des démarches incrémentales, avec des améliorations opérationnelles mises en œuvre de manière régulière.
Dans ce type de démarche, une analyse périodique des succès et des échecs amène des progrès permanents : parfois on gagne, parfois on apprend !
« Ne pas se corriger après une faute, c’est là qu’est la faute » - Confucius (551-479 BC)
On ne connait pas au départ le résultat d’un effort d’un jour, ni celui d’un effort quotidien sur une période donnée.
On pose donc la règle suivante : on définit à priori un « effort » périodique (durée fixe, si possible au même moment de la journée) et on découvre par la répétition de cet effort le « résultat moyen » qu’il permet d’obtenir. On peut bien sûr déduire de ce résultat moyen un résultat global envisageable à terme et par là faire le lien avec les approches prédictives classiques.
Ceci correspond parfaitement au principe agile de Scrum qui se base sur un choix à priori d’échéance et de budget global, c’est-à-dire d’un effort défini dans le temps ; Le « périmètre », c’est-à-dire les résultats, étant quant à lui la conséquence de ce choix (à la différence des approches classiques qui fondent les projets sur la définition préalable du besoin et projettent des résultats attendus). Les progrès sont identifiés au fur et à mesure et non de manière prédictive comme dans les démarches classiques.
Un autre parallèle avec Scrum est l’autonomie donnée aux opérationnels quant aux choix réalisés dans le cadre de démarches d’amélioration continue.
La mise en place de « routines » de retour d’expérience, rend possible un changement progressif et durable. Les routines de retour d’expérience peuvent être établies à plusieurs niveaux, des routines journalières (de nature tactique) aux routines annuelles (de nature stratégique), voire multi-annuelles. Les périodes clés de notre calendrier se prêtent parfaitement à la mise en place de ces différents niveaux de routines de retour d’expérience : jour / semaine / mois / trimestre / année.
Les habitudes peuvent être l’ennemi du changement ; elles peuvent aussi être leur ami !
Prendre chaque jour le temps de s’améliorer, grâce à des routines dédiées.
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance » - Abraham Lincoln (1809-1865).
PS : nous avons fait le choix dans ce billet de ne pas évoquer le phénomène de « courbe d’apprentissage » auquel donne lieu la répétition d’une action : la simple répétition d’une action amène une amélioration progressive et significative du rendement et donc, à ressources constantes dans le temps, à une amélioration de la performance. Cet apprentissage naturel participe aussi de l’amélioration continue.