Les DRH ne sont pas encore stratégiques, mais aimeraient l’être !
Si les DRH sont devenus des acteurs et actrices légitimes de la transformation des entreprises, ils peinent toutefois à s’emparer des nouveaux enjeux technologiques et sociétaux. C’est ce qui ressort de l’enquête Radioscopie des Directions des Ressources Humaines menée par Cegos en mars 2024.
Les sujets stratégiques des DRH françaises
Les DRH n’ont pas le temps de s’ennuyer. Maintenant qu’ils se sentent aux avant-postes pour accompagner les transformations des entreprises et qu’ils ont gagné la légitimité de leurs salariés, ils sont sur tous les fronts. Ces dernières années, ils n’ont même connu aucun répit. Après avoir géré la mise en place du travail hybride pour faire suite à la crise du Covid-19, ils doivent désormais s’atteler à d’autres sujets stratégiques : la montée en puissance de la RSE, le déploiement de politiques de diversité, l’explosion de l’intelligence artificielle générative, la prévention des RPS…
Au fil des années, la liste des missions des DRH ne cesse de s’allonger. Pour autant – et de manière contradictoire – le quotidien de cette fonction, lui, change peu : « les DRH sont happés par leur quotidien et dégagent insuffisamment de temps pour ces nouveaux enjeux », constate Isabelle Drouet de la Thibauderie, manager d’Offre et d’Expertise Ressources Humaines au sein du groupe Cegos. Sur l’intelligence artificielle par exemple, les DRH français semblent insuffisamment mobilisés. « Ce qui m’interpelle, c’est qu’ils sont 66 % à ne pas avoir intégré l’IA dans leurs pratiques ou ne pas avoir l’intention de le faire. Preuve qu’ils n’ont pas encore saisi l’enjeu que l’IA soulève en termes d’évolution des compétences et de transformation des métiers », indique notre experte.
Un manque de temps et de ressources au sein des DRH françaises
Si les DRH français ne s’emparent pas encore massivement des nouvelles missions que soulèvent ces enjeux, c’est parce qu’ils se heurtent à plusieurs obstacles de taille. D’après l’étude Cegos, les DRH français passent beaucoup de temps à résoudre des situations d’urgence (76 %) et à gérer la partie réglementaire et juridique de leur poste (72 %). Ils pointent également un manque de ressources pour réaliser leurs missions (60 %) ainsi que la dégradation de leurs conditions de travail (60 %). En réalité, « les enjeux auxquels les DRH sont confrontés sont tellement nombreux qu’ils sont dans l’obligation de prioriser leurs actions », rappelle Isabelle Drouet de la Thibauderie.
Les missions plus opérationnelles, comme recruter de nouveaux talents ainsi que fidéliser collaborateurs et collaboratrices, prennent souvent le pas sur les tâches plus stratégiques, (et qu’ils ont envie de mener) comme faire évoluer les compétences des équipes ou piloter une démarche RSE. Sans surprise, si la question des moyens dont disposent les DRH est partagée par tous, elle est plus prégnante au sein des ETI. « Dans les entreprises moyennes, les DRH sont en prise avec tout, sans être outillés. Ils ne peuvent pas s’appuyer, comme dans les grands groupes, sur une structure organisationnelle composée, entre autres, de DRH métiers », illustre-t-elle.
Les DRH peuvent compter sur leur expérience
Sur le papier, les DRH français ont pourtant de nombreux atouts pour relever l’ensemble de ces défis. Le premier, c’est leur expérience. « En France, les DRH sont plus expérimentés que dans ceux des autres pays sondés par l’étude. 38 % justifient d’une expérience de ce métier supérieure à 10 ans », explique-t-elle. Ce qui caractérise les DRH français, c’est aussi leur background : si une moitié est issue de la filière RH, l’autre provient de mobilités inter-fonctionnelles qui lui confère une expertise métier.
Le second atout de cette fonction, c’est qu’elle peut compter sur des relais en interne. D’après la radioscopie Cegos, les DRH forment un duo complémentaire avec les managers. 78 % reconnaissent le rôle des managers dans la gestion des ressources humaines. Ce qui est rassurant, c’est que les DRH restent fondamentalement attachés à leur mission : 89 % des Français disent s’épanouir dans ce métier.
Loin d’être dans le déni, ils savent que leur fonction doit se transformer. Ne serait-ce que pour attirer des talents (48 % des réponses) et propulser des évolutions technologiques comme l’IA et le Big Data (37 %). Face aux évolutions de leur métier, les DRH français continuent d’enrichir leurs compétences, via des évènements professionnels (pour 60 % d’entre eux), des formations (59 %) et des ressources accessibles en ligne (52 %).