Les fondamentaux d'une communauté apprenante : principes et outils
La communauté apprenante est un très bonne exemple de social learning, ou apprentissage social. En effet, l'interaction et l'observation entre des personnes regroupées dans un espace partagé qui peut être en ligne (classe virtuelle, forum, réseau social, webinar…) stimule l'apprentissage.
- Quels principes respecter pour le fonctionnement d'une communauté apprenante ?
- Communauté apprenante : comment créer une dynamique collective ?
- Les temps et lieux de dialogue dans une communauté apprenante
- Les techniques d’animation pédagogiques propices aux communautés apprenantes
- Quels livrables communs dans une communauté apprenante ?
Quels principes respecter pour le fonctionnement d'une communauté apprenante ?
Voici ces conditions pour favoriser le social learning au sein d’une communauté apprenante :
- Un intérêt commun : un terrain de jeu commun peut se concrétiser en une ambition commune. Exemple : innover sur un marché de demain,
- Des valeurs : la confiance, la bienveillance, l’ouverture, la transparence, la capacité à donner et recevoir…,
- Un principe de liberté : je participe si j’ai envie et je peux quitter librement la communauté,
- Je m’engage à collaborer d’une façon ou d'une autre et à tenir mes promesses si je les exprime,
- La présence d’un responsable de la communauté qui contribuera à l’animer dans la durée,
- Un système pour faciliter la vie de la communauté : un espace partagé de communication, un réseau social en ligne pour dialoguer, une documentation standardisée, un titre et un logo porteur du nom de la communauté, une tonalité de conversation…
Communauté apprenante : comment créer une dynamique collective ?
Le rôle du responsable de la communauté (learning community manager) est clé pour entretenir dans la durée son activation, la stimuler, voire la réguler.
Il ou elle doit être à l’aise avec les outils de communications modernes et veille à la collaboration des membres. Il ou elle aura idéalement un profil empathique. De plus, les savoirs émis dans cette communauté seront livrés et transmis grâce au learning community manager. Il ou elle apporte également des idées neuves pour motiver les acteurs dans la durée.
La première étape est de trouver des membres pionniers qui adhérent à un intérêt commun. Avec eux, le responsable de la communauté réalise un premier kick off pour favoriser inclusion et démarrage. Il ou elle veille ensuite à les responsabiliser pour que ces membres pionniers cooptent d’autres membres. Une des missions du learning community manager est de stimuler les interactions entre les membres par des publications, des occasions de se rencontrer, des verbalisations, des échanges de pratiques, etc. Par la suite, il ou elle cherche à faire rentrer aussi des nouveaux membres pour prolonger la durée de la communauté. Il ou elle construit le système décrit plus haut pour que la communauté se retrouve sur des fondations. Il ou elle célébre les actions de la communauté et de ses membres en les partageant au sein de celle-ci.
Les membres contribuent à l’existence de cette communauté en participant, favorisant, communiquant et respectant les valeurs.
Le responsable de la communauté comme les membres ne devront pas perdre de vue que l’apprentissage dépend de chacun.e et qu’il s’effectue sur la durée en synchrone comme en asychrone grâce à des moyens mis en œuvre
Ceci implique une dynamique systémique qui se nourrit de facilitations pour dialoguer, pour co-créer, accéder à des livrables communs et se retrouver n’importe où et à n’importe quel moment. C’est ce que nous allons détailler ci-dessous.
Les temps et lieux de dialogue dans une communauté apprenante
L’échange entre les membres d’une communauté apprenante est finalement le premier « livrable » d’une communauté. En effet, c’est en discutant, expliquant, observant, échangeant des points de vue que chaque membre peut formaliser ses savoirs. Il peut également observer des pratiques, les « analyser », les enrichir ou non, apprendre et les utiliser dans son contexte.
Pour que ceci puisse s’entretenir dans la durée et nourrir la vie de la communauté, il est alors utile d’apporter des ressources à ce type d’apprentissage telles que :
- Des événements synchrones et formels ainsi que des rituels. Les objectifs sont pluriels :
- se retrouver sur des thèmes d’intérêts en lien avec la mission de la communauté
- se voir physiquement,
- contribuer et prendre la parole,
- effectuer des potentielles co-productions.
Ces événements viendront rythmer la vie de la communauté, alimenter des communications en découlant, témoigner que la communauté apprenante est fédérée et que les membres « font l’effort » de participer et d’en bénéficier. Ainsi témoigner d’une activité apprenante.
- Des lieux appropriés à ce type d’événements : tiers lieux, espaces de co-working, espaces spécifiques au sein des organisations des membres…La disposition des salles par un aménagement adapté (en cercle, mobilier mobile, réseau wifi assuré, originalité du lieu) permettra aux membres de la communauté de se sentir « bien » dans le lieu pour dialoguer.
- Un groupe constitué sur un réseau social favorable pour des échanges asynchrones sur des sujets d’intérêts communs ou spécifiques aux membres de la communauté d'apprenant.
- Des possibilités de rejoindre des forums, des tchats, des wikis..
Les techniques d’animation pédagogiques propices aux communautés apprenantes
Lors des temps formels, les événements en synchrone de la communauté apprenante, une dynamique d’intelligence collective repose sur des techniques d’animations pédagogiques telles que :
- La technique de co-développement. Elle permet d'amener le groupe à produire des contenus sur des problématiques des membres. Le groupe décidera des problématique majeure à travailler en collectif, permettra à son porteur de la reformuler (temps « manchette ») pour la faire comprendre et s’embarquera dans la recherche de solutions à apporter lors du temps « consultation ». Cette méthode permet au porteur de la problématique de prendre des chemins différents pour « résoudre son problème » et au collectif d’asseoir ses convictions, benchmarker ses pratiques, s’approprier des solutions nouvelles.
- La technique des World café inventée en 1995 par David Isaacs et Juanita Brown. Elle consiste à reproduire des conversations pour débattre d’un sujet comme dans un café et avec des ateliers tournants autour d’une personne centrale. C’est très adapté pour des séquences de brainstorming et pour exposer des convictions. La personne centrale opérera ensuite une restitution de son « café ».
- La technique du Jigsaw. Elle est plus adaptée pour des débats sur plusieurs sujets à préciser au départ. Au cours du premier temps, 3 groupes homogènes sont constitués. Dans chaque sous-groupe sur une question dédiée au sous-groupe, les pairs donnent leur point de vue et co produisent un contenu en discutant que chaque acteur s’approprie. Ensuite, lors du second temps, 3 nouveaux sous-groupes sont constitués avec un membre de chaque sous-groupe précédent. Ces 3 nouveaux sous-groupes échangent à nouveau sur une nouvelle question adaptée au contexte et semblable pour chaque groupe. Chaque membre rapporte dans ce deuxième sous-groupe les contenus retenus dans le premier temps en sous-groupe. Ainsi, il y a un enrichissement mutuel qui augmente le degré de réflexions et connaissances de chacun.e. Une conclusion finale en grand groupe fera aboutir la fin de l’exercice collectif.
Quels livrables communs dans une communauté apprenante ?
La communauté apprenante maintiendra son activité en cherchant à utiliser et produire des livrables communs.
Le Learning Community Manager entre dans une dynamique de chef de projet pour faire aboutir ceci et le médiatiser ensuite.
- Des livrables récurrents : compte rendus, médias, quiz, invitations, newsletters…
- Des livrables spécifiques : livres blancs, articles de blogs, news et média spécifiques…
Il convient que ceci intègre scrupuleusement ce qui s’énonce dans les échanges pour que chaque membre se retrouve dans l’objet livré.
La vie d’une communauté apprenante est ainsi une dynamique vivante qu’il convient d’alimenter par de nouvelles idées de façon récurrente.