Social learning à distance : quels ingrédients pour une formation efficace ?
Le social learning est un apprentissage notamment basé sur la coopération entre les apprenants et apprenantes. Cette modalité de formation collaborative est très utilisée en présentiel, mais encore assez peu à distance. Voici un éclairage pour vous aider à la mettre en place dans vos différents parcours à distance.
Social learning : de quoi parle-t-on ?
« Le social learning consiste à apprendre des autres, en les observant, en se forgeant une conviction par rapport à eux et en répliquant leurs comportements », explique Fabienne Bouchut, cheffe de projet innovation chez Cegos. En cela, l’apprentissage social existe depuis la nuit des temps. Cela a toujours été au contact des autres que les humains, ont pu apprendre (à parler, à inventer, à écrire…)
La théorie de l’apprentissage social a été développée par Albert Bandura dans les années 70. Il y met l’accent sur l’importance de l’observation, ainsi que de la modélisation des comportements et attitudes des autres. L’émergence du numérique au début des années 2010, notamment des réseaux sociaux, n’a fait qu’amplifier cette capacité, en facilitant les interactions entre les personnes.
Même si cette modalité de formation existe depuis longtemps et fait florès en présentiel, force est de constater qu’elle peine encore à trouver sa place lorsque les activités apprenantes se déroulent à distance. Lorsqu’ils suivent un parcours en e-learning, les apprenants sont davantage isolés et il est plus difficile de créer une émulation de groupe. Pourtant, le social learning a les faveurs des décideurs RH. D’après le Baromètre Transformations, Compétences et Learning réalisé par Cegos en juin 2023, le social learning est dans le top 3 des modalités pédagogiques préférées des DRH français (33 % des réponses), après l’e-coaching (38 %) et l’adaptive learning (37 %).
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Pas de social learning efficace sans gamification
« Pour qu’une expérience de social learning trouve sa place dans un apprentissage à distance, un ingrédient est nécessaire : la gamification », indique Fabienne Bouchut. En intégrant une dimension ludique aux parcours de formation (via le storytelling, la compétition, l’échange de feedback…), il est possible d’engager plus facilement les apprenants, de booster durablement leur motivation et, in fine, de créer une alchimie entre les membres d’une même communauté d’apprentissage.
« Maintenant que l’ensemble des apprenants disposent d’un smartphone et que les solutions technologiques ont émergé, il est possible de leur proposer des expériences ludiques basées sur des challenges par équipe ou en individuel », illustre-t-elle. Si la formation porte sur l’art du pitch par exemple, les apprenants peuvent également se filmer avec leur smartphone, poster cette capsule vidéo dans un espace de collaboration dédié et demander le feedback de leurs pairs. Les évalués devenant tour à tour évaluateurs et évaluatrice, aucun apprenant n’a de posture "haute".
« C’est une technique sous-estimée, souvent parce que la pudeur rattrape les apprenants. Elle est pourtant très intéressante car elle fait appel à leur capacité d’analyse et améliore ainsi leur apprentissage », précise notre experte. Quelle que soit l’activité de social learning retenue dans le parcours à distance, cette dernière doit procurer du plaisir aux apprenants et activer le circuit des récompenses (badges, points, trophées…).
Social learning à distance : à qui s'adresse-t-il ?
À distance, « les activités de social learning sont pertinentes lorsqu’il s’agit d’apprendre de nouveaux comportements ou de développer un savoir-être, moins lorsqu’il s’agit de consolider un savoir-faire comme une compétence théorique ou tout autre hard skill », concède Fabienne Bouchut. Ainsi, le social learning est une modalité pédagogique particulièrement adaptée aux populations de managers et de commerciaux qui doivent par exemple se former sur la négociation commerciale, l’assertivité, la résolution de conflits, la méthode DESC, l’écoute active, le leadership…
Cette modalité pédagogique permet à ces cibles d’apprenants, habituées à travailler en équipe, d’être engagées sur le long terme dans leur parcours de formation. Elle réduit de facto le risque de décrochage, forcément plus important à distance qu’en présentiel. En revanche, le terrain de jeu du social learning est moins favorable « lorsque les formations portent sur le développement personnel, qui impliquent que les apprenants livrent une partie d’eux-mêmes », indique Fabienne Bouchut. Puisque le social learning implique de partager des informations à ses pairs, dans une logique de co-construction de savoirs, les métiers financiers – qui manient souvent des données confidentielles – sont également moins concernés par cette modalité.
Social Learning : les facteurs de succès, selon Atish Gonsalves, fondateur de Gamoteca et partenaire Cegos
« L’avantage du social learning, c’est que les apprenants peuvent partager des connaissances en temps réel, se nourrir de l’expérience de l’ensemble du collectif. Cela renforce leur sens du travail en équipe et développe leurs capacités à coopérer, à donner et recevoir du feedback…
Souvent, se former via le social learning est également l’opportunité de suspendre le temps, prendre de la hauteur sur un sujet, développer sa réflexion sur un thème… Permettre aux participants d’apprendre les uns des autres suppose toutefois que le formateur dédie du temps, pendant les temps synchrones, à la collaboration, à la pratique, au feedback…, et moins au contenu de formation à proprement parlé, qui peut d’ailleurs être généré via une IA.
Pour engager les apprenants pendant tout le parcours de formation, y compris à distance, d’autres pré-requis sont indispensables. Le contenu de formation doit par exemple être disponible en plusieurs langues et accessible depuis n’importe quel device. C’est en brisant ce type d’obstacles, qui entravent les relations humaines, qu’il sera vraiment possible d’apprendre de tous.
Enfin, puisque chaque participant a ses préférences en matière d’apprentissage à distance, il est conseillé de recourir à une solution permettant de personnaliser les expériences, par exemple pour interagir avec ses pairs, pour donner son feedback… C’est en réunissant l’ensemble de ces critères qu’un apprenant peut espérer vivre une expérience d’apprentissage immersive aussi fidèle que possible à celle qu’il vit en présentiel. »
Gamoteca est une société spécialisée dans la création d’expériences d’apprentissage collaboratives. Elle édite une plateforme de formation interactive proposant des activités ludiques et engageantes.